L’artiste peintre Saly Mollon
débute sa carrière aux côtés de Raymonde Esprit-Massonneau (1901-2002), qui lui lègue le savoir pictural des derniers Impressionnistes du siècle passé. C’est d’après ces précieuses bases que les oeuvres de S.Mollon, dans un premier temps figuratives, s’agrémentent rapidement d’éléments d’abstraction qui donnent à sa peinture l’aspect brut et indompté qui la caractérise.
Ses racines, à présent écartelées entre un pays serein et celui de son enfance, en guerre depuis trop longtemps, lui offrent de nombreux sujets d’inspiration.
Son coup de pinceau, mêlant avec harmonie couleurs vives et matières inattendues, donne vie aux danseuses de son imagination, aux portraits de ses proches, aux paysages de sa région. Mais c’est du couteau à palette qu’elle se saisit pour nous emmener là où personne n’irait seul, dans les brasiers de la guerre, dans la folie des paysages ravagés par le temps ; sa peinture se fait franche, agressive mais toujours gorgée d’espoir… et c’est souvent par l’abstraction que se traduisent ces émotions trop fortes pour être dites, et qui se calment pour un temps, après avoir été révélées sur une toile et gravées dans la matière.
Récemment initiée à la sculpture par son mari, Didier Mollon, elle produit des oeuvres en terre cuite, empruntent elles aussi d’élan et de force. Ses personnages, tout comme ses paysages, sont « ancrés »…dans le sol, dans le temps, dans l’espace. Autant d’expressions d’une artiste déracinée qui a su trouver son équilibre entre deux mondes, deux cultures et qui a su les réunir à travers sa passion pour l’art, qui traduit celle qu’elle a pour la vie.
Lilly Eïdo.
Le sculpteur Didier Mollon
travaille la terre depuis 1994. Il acquiert tout d’abord les bases techniques auprès de Jean Larrivé, à l’Atelier de Tournon sur Rhône. Puis il prend très tôt son envol et développe à sa manière et avec une grande minutie l’art du modelage, puis du travail du plâtre.
Ayant toujours dessiné et connaissant précisément l’anatomie humaine (de part sa pratique de la médecine), il affectionne tout particulièrement les poses féminines, qu’il décline sous toutes leurs formes ; dans un style académique les premières années, puis de plus en plus stylisé, accentuant courbes et volumes, pour créer des formes toujours empruntes d’élégance et de subtilité.
La grâce intemporelle de ses danseuses, les muscles fins et ciselés des figures qu’il fait naître de la terre, les expressions sereines de ses visages, traduisent l’extrême sensibilité d’un homme confronté tous les jours dans son métier aux défaillances et aux faiblesses du corps humain, auxquelles il répond avec une même passion dans son art, par un éloge à la perfection et à la beauté.
Une fois l’oeuvre de terre devenue plâtre par la magie du moulage, il porte une attention toute particulière à la finesse et à la douceur de la pièce finale.
Enfin, tantôt de bronze, bleutées ou bien de marbre, les patines de ses sculptures – telles l’ultime peau habillant l’oeuvre – viennent donner leur chaleur aux corps en mouvement, qui n’attendent plus qu’un regard pour prendre vie. Tentation irrésistible pour le spectateur de s’unir aux formes par la caresse du matériau dompté, offert à la contemplation.
Lilly Eïdo.